Amanda n’est pas une fille compliquée, elle est aimante, elle est généreuse à l’instar de sa génitrice, cependant elle se vexe très vite si la pareille n’est pas rendue. Elle ne prend pas la mouche pour un rien, elle est juste trop enclin à apprécier les gens et leur faire confiance. Tomber sur les mauvaises personnes la rendra honteuse et c’est envers eux qu’elle pourra se venger. Elle est discrète mais sociable, elle n’aime pas qu’on la remarque mais préfère qu’on s’intéresse à elle.

En somme une véritable fille, coquette, passionnée, que ce soit avec ses semblables ou dans ses envies, parfois trop tête en l’air à force de rêver, elle sait cependant faire la part des choses entre confiance et confidences. Elle ne s’exposera jamais trop et ne révèlera jamais au premier inconnu ce qu’elle peut avoir sur le cœur.

Âgée de vint année elle est cependant très enfant, non pas atteinte du syndrome de Peter Pan, mais elle adore passer des moments insouciants et dénués de conflits et divers soucis. Elle n’est pas fleur bleue et ne croit plus en la romance depuis la séparation de ses parents, pas non plus devenue un roc elle sait être forte et mettre sa sensibilité de côté.

Curieuse, elle souhaite explorer chaque centimètre carré de ce monde, sa soif d’aventure et d’imprévus lui donne ce côté un peu fonceuse qui donne tout son charme à la belle femme aux cheveux de feu. Elle envie les dresseurs accomplis et souhaite elle aussi se forger une histoire loin du quotidien et des travaux alimentaires rébarbatifs.

Bien que très affectée par les évènements récents elle n’est pas devenue défaitiste, elle passe outre les visions apocalyptiques du passé et cela peut très bien lui donner foi comme la faire avancer à reculons par moments car même si elle reste très détachée de cela elle a tout de même été plus que touchée par le désastre de ces dernières années.

Tournée vers la famille elle est très amicale et très protectrice que ce soit envers ses prochains comme envers les pokémons qu’elle pourrait posséder. Elle aurait aimé être artiste et donc a des goûts prononcés pour le dessin et la peinture ou même la musique.

Amanda avait reçu un colis ce matin, surplombée d’une lettre manuscrite à l’enveloppe délicate et légèrement froissée le petit carton ficelé de toutes part intriguait la jeune fille. Elle se doutait de ce qui pouvait se trouver à l’intérieur mais comme lors des fêtes annuelles la surprise lui fit tout oublier. Elle déchira le contenant de la lettre sans délicatesse comme une enfant qu’elle était encore, pressée de lire les quelques mots glissés sur le papier par sa famille. L’écriture de son père était douce et délicate :

« Je ne veux que ton bonheur et je sais que cela pourra te rendre heureuse. Prends soin de toi, fais en sorte de ne pas oublier ton vieux père qui t’aime et pense à toi. »

La signature était ornée d’un cœur et le sourire de la jeune Amanda illumina son doux visage.

C’était le début de la véritable histoire, là où tout allait commencer, elle avait reçu de quoi réaliser son rêve, un pokémon en provenance de son petit papa, rêve qu’elle n’espérait même pas atteindre enfant.

I. Le calme avant la tempête.

Dans la maison familiale le calme régnait, Amanda faisait ses leçons dans un coin du salon, installée dans le sofa, proche de l’animal de compagnie de la famille. Le Pijako chantonnait sous la fenêtre et le soleil qui entrait par la baie vitrée donnait tout son sens au bonheur. Le petit Piji comme tout le monde l’appelait se mit à chanter de plus belle et tourna autour de la jeune fille. Amanda releva la tête de son livre et se mit debout. Maman était rentrée. Elle travaillait à la Féli-télé, elle s’occupait de choses qui dépassaient encore la petite fille. La porte s’ouvrit puis se referma, une femme élégante, tout en tailleur sourit en direction de la jeune enfant, cette dernière lui sauta dans les bras. La relation qu’elles pouvaient avoir était véritablement fusionnelle, en outre le physique très similaire qu’elles pouvaient avoir, c’était une femme aimant et une maman généreuse et Amanda une fille douce et obéissante. Papa quand à lui rentrait rarement, il sillonnait le pays à bord d’un navire de long courriers et restait très rarement plus de trois jours de suite à la maison lorsqu’il revenait de ses expéditions. La petite fille avait l’habitude de ne pas souvent être entourée de monde une fois rentrée de l’école, mais c’était sa vie, elle profitait de chaque instant avec ses proches et cela lui suffisait.

II. Le premier souffle.

Dans la nuit l’adolescente se réveilla maintes fois, à la maison ce n’était plus pareil, papa absent, maman de moins en moins présente, il était loin le temps de son idylle chez elle. Féli-cité était morne pour elle, bien entendu le soleil estival, les amis, les sorties, tout avait son charme, mais cela en devenait insipide. Il lui manquait quelqu’un, pas un petit ami, ni même une meilleure amie, il lui manquait quelqu’un pour l’aider à devenir adulte. Du haut de ses seize ans elle commençait à se transformer en femme et l’absence prolongée de ses parents commençait à devenir trop pesant pour une fille en pleine découverte du monde. Piji avait désormais moins d’entrain quand il chantait, les soirs où elle ne sortait pas, Amanda les passait dans sa chambre à rêver de la vie qu’elle aurait pu mener. La télévision lui montrait des images de jeunes de son âge, parcourant le monde avec un but précis en tête alors qu’elle ne savait pas quoi faire de son temps libre. Par grand soleil elle aimait rester devant la fenêtre mais son insouciante s’était envolée. Piji chantonnait en mineur, mélodies tristes et mélancoliques résonnaient dans sa tête. Tout comme sa chevelure la jeune femme était l’automne, le regret d’un grand soleil dans sa vie.

III. Le début de l'orage.

Il en aurait fallu peu pour agacer la petite adolescente, un an déjà et elle ne s’était pas remise du départ de sa mère. Elle qui la croyait si pure et si belle la voyait désormais comme le mal incarné. Elle passait plus de temps à séduire des hommes qu’à passer du temps avec la chair de sa chair. Ce goût amer de la déception avait anéanti les derniers espoirs de la jeune rouquine. Elle n’avait pas déménagé, la maison était toujours aussi vide, après tout cela ne changeait rien à son quotidien. Assise devant la télévision en pyjama, soutenue par son oreiller, seule, sans Piji, lui aussi parti avec la séparation, elle regardait les nouvelles du monde, la météo était sur toutes les lèvres, elle ne se préoccupa de rien, ni de son père parti affronter les vagues afin d’assurer la survie de la famille décomposée. Elle changea de chaine à maintes reprises et se laissa avoir par un générique très attrayant, la ligue pokémon était rediffusée ce soir là. Ce fut la première fois depuis plusieurs mois qu’elle ne s’était pas endormie avec le sourire et l’esprit léger.

IV. La reconstruction.

Le départ de Sinnoh, la joie de retrouver son paternel intact, les larmes versées, tout cela était du passé, elle vivait désormais à Carmin-sur-mer, son père avait décidé de devenir pêcheur, quand à Amanda, devenue majeure elle travaillait à mi-temps dans un petit café afin d’avoir de quoi préparer l’avenir. Toute sa vie avait été chamboulée. Sans nouvelles de la femme qui lui avait donné la vie depuis des années elle avait presque oublié jusqu’à son sourire et sa voix. Kanto était une région inconnue pour elle, elle ne s’y était pas fait beaucoup d’amis, elle n’avait pas de contacts, elle n’avait pas d’ambitions. Vivant au jour le jour, elle aspirait à voyager, buvant les paroles de son père et ses histoires de haute mer, les îles qui existaient encore il y a quelques années dont il avait foulé le sol, à l’heure du repas qu’ils passaient à deux. C’était cela son quotidien jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez de clients au café. Elle devait à tout prix se reconstruire, trouver quoi faire de ses journées et le peu d’argent que son père arrivait à ramener au foyer ne suffirait pas à les faire tenir longtemps dans cette situation.

V. La douce brise du changement.

Azuria, c’était là qu’elle avait trouvé un pied à terre. Un ancien collègue de son père y recherchait des serveuses, elle avait un endroit où dormir, s’était fait quelques connaissances dans le quartier et pouvait prendre son envol, bien entendu ce n’était pas le grand luxe ni la vie tant espérée, mais c’était sa vie. Elle avait le sourire, elle avait trop de choses à faire pour penser et se morfondre sur son sort. Elle appelait souvent le vieux Gardner, il continuait la pêche, un peu moins intensément mais visiblement il arrivait à joindre les deux bouts. Il lui envoyait régulièrement des courriers, photos et quelques douceurs en prime. Il savait ce dont sa fille avait envie, son désir de voyager, d’où ce colis contenant une mystérieuse pokéball. Le facteur attendait la signature de réception du colis, il eut à la place une étreinte digne d’un film d’amour des années folles. La jeune femme était ravie, ses joues s’étaient empourprées et ses yeux sombres ne pouvaient retenir les quelques larmes de joies venant se coller sur sa chemise blanche.