S'il y avait un classement des personnes les plus bornées, on peut quasiment être sûr qu'Aster se trouverait dans le top dix. C'est très simple : une fois que la jeune fille a une idée en tête, elle fonce tête baissée et sans se remettre en question. Gare à celui qui tenterait de la dissuader ! Si elle semble au premier abord d'un calme olympien, la patience d'Aster a des limites qu'il ne faut surtout pas dépasser, sauf si on tient à être la cible de ses colères spectaculaires (d'ailleurs, ceci était l'un des jeux favoris de son frère). Quand elle n'a pas une idée en tête ou qu'elle n'est pas occupée à projeter des objets dans les murs en hurlant des propos inintelligibles, Aster apparaît comme une fille calme et plutôt froide, qui manie le sarcasme dès que l'occasion se présente, ce qui lui a valu de se faire cataloguer "insolente" dès sa plus tendre enfance. Elle est d'une franchise parfois vexante, mais n'y accorde aucune importance.
En présence d'amis ou de ses pokémons, la jeune fille change cependant du tout au tout. Elle devient souriante et rit facilement, même si son mauvais caractère a tendance a affleurer derrière sa bonne humeur.

Comme la majorité des dresseurs, elle s'est mise en tête de se mesurer aux champions d'arène et impose à son équipe un entraînement rigoureux. Elle adore se mesurer à d'autres dresseurs mais ne supporte pas la défaite, qui entraîne chez elles des crises d'identités plutôt ridicules. Pourtant, elle ne perd pas confiance en ses pokémons et vise toujours plus haut.

Aster est passionnée par le dessin. Quand elle a du temps libre, elle griffonne des portraits de ses pokémons, ou de ceux qu'elle a croisé, dans un petit carnet relié de cuir noir qui ne la quitte jamais.

Les craintes d'Aster se résument par un seul mot : l'eau. Elle n'aime pas nager, elle n'aime pas la mer ni les lacs, ni même les rivières. Elle a peur des pokémons aquatiques, elle a le mal de mer, et si boire de l'eau n'était pas vital, soyez sûrs qu'elle s'en passerait.
La jeune fille a bien sûr d'autres craintes, même si elle préférerait plonger en plein coeur de l'océan que de les avouer : elle déteste être seule, le silence l'inquiète, et paradoxalement, les foules trop denses la terrifient.

Je suis née à Ecorcia, où la moyenne d'âge doit se situer autour de soixante ans, et où il y a plus de Ramoloss que d'habitant. Autant dire qu'on se fend carrément la gueule là bas, hein ? Rassurez-vous, c'est ironique.

Jusqu'à l'an dernier, mon père était dresseur. Il sillonnait les régions, attrapait des pokémons et se confrontait aux champions d'arènes. On ne le voyait quasiment jamais mais c'était mon héros, et je disais à tout le monde que plus tard, je serais comme lui, que je deviendrai la plus forte du monde et que tout le monde aurait peur de moi et de mes super-pokémons. Bon, ça, c'est pas gagné. Mais je suis en bonne voie, je vous assure.
Ma mère, de son côté, est complètement dingue, mais ça la rend plutôt drôle. Dans le genre mère poule, je ne pense pas qu'on puisse trouver plus étouffant.
Et puis, jusqu'à l'an dernier, il y avait Liam.

Liam, c'est mon grand frère. Comme dans pas mal de relations fraternelles, on peut dire que ce type est celui que j'adore et que je déteste le plus à la fois. J'ai passé mon enfance à subir ses blagues, ses vannes nulles, ses farces cruelles. Mais d'un autre côté, je sais bien que sans lui, je me serais probablement jetée tête la première dans le puits Ramoloss à l'âge de cinq ans, pour mettre fin à cette longue enfance ponctuée d'ennui. Et Liam a toujours été là pour me protéger, car il ne supportait pas que quelqu'un d'autre que lui m'embête. Grâce à lui, personne ne m'a jamais cherché de noises trop longtemps, parce que quand il prenait son air complètement furax, s'opposer à lui tenait du pur masochisme (ça, d'ailleurs, je crois que c'est de famille). Lui aussi nourrissait l'ambition de devenir dresseur, même si ça c'est manifesté chez lui plus tard que chez moi. Or, vu qu'il a quatre an de plus, c'est lui qui a réalisé son rêve le premier. Je me souviens qu'il est parti la veille du jour où tous les pokémons ont déserté le coin pour s'évaporer dans la nature. À peu près un mois avant la catastrophe, donc.
On n'a plus eu de nouvelles de lui. Maman et Papa n'en disent rien, mais je sais ce qu'ils pensent. Ils pensent que Liam est mort, comme tous ces anonymes engloutis par la terre le jour de la catastrophe, qu'il est qu'un de ces corps qui hantent des sépultures anonymes. Moi, je sais bien que non. Grâce à l'oeuf. Et quand l'oeuf aura éclos, je partirai, mais sans le leur dire, car je sais qu'ils diront non. Car je sais qu'ils ont peur que je me brûle les ailes.

~

«Maman, Papa.

Je pars, et j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop. Ici, j'étouffe, je ne peux plus vivre dans les décombres de mon enfance. Je m'en vais comme une voleuse, à la conquête de ce nouveau monde, en quête d'aventure. Ne vous inquiétez pas, je suis prête, et je me montrerai suffisamment forte pour les épreuves qui m'attendent dans cette nouvelle vie. Je vous aime très fort, et bientôt vous serez fiers de moi.

PS : Papa, je t'ai emprunté le sac que tu utilisais quand tu étais dresseur, et je sais pourquoi tu perdais toutes tes baies : il y a un trou au fond de la poche de droite. »

Je posai la lettre bien en évidence sur mon bureau, attrapai mon sac et ouvrai ma porte en prenant garde à ne pas la faire grincer. L'oeuf avait éclos dans l'après-midi, alors que je me promenais près du puits Ramoloss -enfin, ce qu'il en reste après qu'il ait été enseveli sous les décombres- , dévoilant mon premier Pokémon, mon starter. Grâce à ce nouvel ami, je me sentais forte, prête à suivre les traces de mon père et de mon frère. Et tout ça grâce à Liam.
Quelques semaines auparavant, j'avais trouvé l'oeuf devant ma fenêtre, avec le mot suivant : Ne laisse pas la routine d'enterrer, frangine. Tu mérites une vie exceptionnelle, et tu dois la commencer au plus tôt. Je n'avais plus quitté l'oeuf, attendant qu'il éclose, le cachant à mes parents. Et le moment était arrivé. Le moment pour commencer à vivre vraiment. Je pris une grande inspiration avant de me lancer dans l'obscurité protectrice, mon nouveau compagnon a mes côtés, savourant ma nouvelle liberté, rêvant de mes futures victoires.

Écrire ici ; quelques adjectifs définissant le caractère de votre starter