« “Ce qui t’a été
donné te sera repris” :
ta vie entière sera
rythmée par le deuil. »

Amélie Nothomb.

Le chemin avait été long jusqu'à la destination de Nur. Ou du moins, il lui a semblé durer bien longtemps. Elle ne songeait déjà plus à ce grand concours qui avait regroupé des gens de toutes les régions, et qui était désormais terminé, seule une pensée la faisait désormais avancer : Aline. Sa meilleure amie, la seule à qui la blondinette avait ouvert son cœur à ce point. Sa confidente aussi. Son amie d'enfance. Celle qui avait décidé de parcourir les routes bien avant Nur, celle qui l'avait en quelque sorte trahie. La seule que la demoiselle ait jamais pardonnée.

Durant son trajet, Requiem ne reconnaissait plus vraiment sa maîtresse. Elle si joyeuse, avait l'air absent, ne souriait que brièvement. Il l'avait maintes fois poussée à jouer, lui avait réclamée des caresses, mais Nur ne changeait pas pour autant d'attitude. Il avait fait l'effort de la coller aussi, sans succès. Il se doutait bien que quelque chose n'allait pas, mais la jeune dresseuse gardait tout pour elle. En même temps, la comprendrait-il ? Elle l'ignorait, et ne voulait pas le savoir. Elle n'avait pas envie de parler. Marchant d'un pas lent, la petite blonde remarqua que ça faisait déjà deux jours qu'ils étaient en chemin. Ils ne devraient pas tarder à arriver à Oliville.

Alors, comme pour répondre à sa question, un bout de bâtiment attira son attention. Plus Nur et Requiem se rapprochaient, plus il y en avait. Tous en piteux état, littéralement abandonnés et détruits. Inspirant un grand coup, la jeune fille ferma les points tout en gardant le rythme. Bientôt, ils marchaient dans les rues, et elle se rendit compte à quel point les catastrophes avaient ravagé Oliville. Tout n'était plus que ruines. Dans le silence, elle regardait tout autour d'elle.

« Il y a quelqu'un ici ? »

Seul un faible écho lui répondit. Se mordant la lèvre, la jeune dresseuse continua à parcourir les lieux. Elle permit à Requiem de se balader comme bon lui semblait ; de toute évidence, il n'y avait pas âme qui vive ici bas. Une fois seule, elle s'approcha de ruines qui devaient autrefois être une maison, en toucha le mur qui s'effrita légèrement à son contact. Une famille devait y vivre deux ans plus tôt. Sans doute. Peut-être qu'Aline les avait vus, peut-être s'étaient-ils parlés. Peut-être avaient-ils péri dans le tsunami, peut-être avaient-ils déménagé. Peut-être Aline...

A cette pensée morbide, Nur baissa la tête, s'assit au pied du mur. Il était évident que la mort de son amie était envisageable, mais elle ne voulait pas l'entendre. Elle avait le sentiment qu'elle était là, quelque part dans ce monde, à continuer à le parcourir. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas avoir donné signe de vie ? Un frisson parcourut la petite blonde, et elle finit par laisser couler ses larmes, en silence.

Quelques minutes plus tard, Requiem la retrouva. Restant à distance pour ne pas la déranger, il observait les environs. Si sa maîtresse avait besoin d'être seule, il la laisserait tranquille. Soudain, quelque chose le perturba, et le petit shiney se raidit sur ses pattes, tendant l'oreille. Intrigué, il finit par pousser un cri, qui fit relever la tête de Nur. Essuyant vivement ses larmes, elle se leva à son encontre. Mais tout de suite, il se mit à courir. Qu'avait-il donc ? Elle l'appela pour qu'il revienne, mais sans succès. Il n'y avait pas le choix, il fallait le suivre ; ce qu'elle fit. Bientôt, elle aperçut la plage.