Le 2 septembre 2010 ; 16H48

Cher journal,
Je viens de rentrer des cours à l'heure où j'écris. Il faut savoir qu'aujourd'hui, c'est la rentrée. Je suis en seconde maintenant. Ce n'est plus l'heure pour la rigolade. J'ai rencontré une jeune fille. Elle est dans ma classe et s'appelle Lisandre. Au début, lors de l'appel, j'ai cru qu'il s'agissait d'un garçon -son prénom étant mixte- , ce n'est qu'au moment où j'ai entendu une voix très faible et aigüe provenant du fond de la classe que j'ai compris qu'il s'agissait d'une fille. Tout le monde s'est tourné vers elle, moi y compris. En voyant tous ces regards attentifs tournés vers elle, son visage est devenu complètement rouge. Elle a baissé la tête, semblant vouloir se cacher derrière son abondante chevelure noire. Elle était... mignonne. Très mignonne. Tout à fait à mon goût, mais passons.

Plus tard, dans la cour, j'ai constaté, une fois debout, qu'elle était particulièrement grande et mince. Elle était toute seule, dans un coin, assise sur l'herbe du fond. Je me suis assis à côté d'elle et me suis présenté en précisant que j'étais un de ses nouveaux camarades de classe. Elle m'a répondu d'une voix très douce et à peine audible qu'elle était ravie de me connaître. Le silence s'est installé entre nous, je ne savais pas quoi lui dire. J'ai lui ai finalement demandé d'où elle venait et pourquoi elle ne semblait connaître personne dans ce lycée. Elle m'a répondu, toujours avec autant de timidité, qu'elle venait d'emménager dans cette ville, sans me donner plus de précision. Je n'ai pas insisté, sentant une gène très mal dissimulée.

Je suis finalement resté près d'elle toute la journée, tentant de l'incruster dans mon petit groupe d'amis, mais elle ne semblait pas très disposée à la conversation. En fait, elle paraissait même réticente à s'intégrer. Nous avons quitté le lycée et nous nous sommes aperçus que nous n'habitions pas très loin l'un de l'autre, ce qui nous a permis de faire un bout de route ensemble. Elle a finalement engagé une conversation sur nos goûts musicaux. Comme moi, elle est une adepte de la J-Pop et joue de la guitare depuis plusieurs années. Elle est passionnée par les Pokémon électriques ainsi que les Pokémon provenant d'autres régions. Avant de rentrer chez elle, elle a esquissé un sourire. Je pense qu'elle est simplement très timide et discrète, mais qu'elle est très gentille et a besoin de temps pour faire connaissance avec quelqu'un.

Le 4 octobre 2010 ; 17H56

Cher journal,
Lisandre est passée aujourd'hui, après les cours. Elle m'a aidé pour un exercice de maths, dans l'urgence d'ailleurs, puisqu'il aurait déjà dû être rendu depuis hier. Elle est loin d'être idiote. Très scolaire et très soignée, elle n'aime pas se faire remarquer par un professeur et déteste qu'on la complimente, ça a le don de la mettre mal à l'aise. Du coup, on ne l'entend pas en cours, c'est une élève très discrète et sérieuse. Personne ne la remarque et les profs finissent par l'oublier. Elle parle beaucoup plus avec moi qu'au premier mois de l'année scolaire. Comme je m'en doutais, il faut du temps pour gagner sa confiance et pour qu'elle se décoince un peu. Elle parle cependant peu aux autres. Elle est extrêmement stressée et stressante, tous doit être parfait avec elle, c'est une fille plutôt maniaque concernant le rangement, et elle angoisse pour un rien. Elle est gentille sinon, mais quel caractère des fois ! Elle veut toujours avoir raison et lorsqu'elle a décidé de quelque chose, personne ne peut l'arrêter. Elle se montre même un peu égoïste parfois... Mais, et je ne cesse de le répéter, elle n'est pas méchante du tout et à horreur de blesser qui que ce soit. Elle ne s'intéresse que très peu à la mode, à tous les trucs de fille, elle se maquille très peu, ne fait pas beaucoup de shopping... Mais elle aime bien les jeux vidéo. Il y a donc de nombreuses raisons pour tomber sous son charme. Un gars comme moi n'aime pas trop les filles chiantes et prises de tête, à toujours vouloir aller dans les grands magasins... Dommage pour moi, après moult tentatives pour découvrir ses goûts en matière de garçons, j'ai bien peur qu'elle ne s'intéresse pas vraiment à la gente masculine...

Le 28 janvier 2011 ; 18H30

Cher journal,
J'ai eu le malheur de poser une nouvelle fois ma question de début d'année. J'ai demandé à Lisandre d'où elle venait. Cette fois, elle a accepté de me répondre. Nous nous sommes assis sur un banc, à l'ombre des arbres, en fin de journée, puis elle a entamé son récit.

Elle est originaire d'Oliville, une ancienne ville portuaire située un peu plus au sud de la région. Sa famille a été contrainte de déménager quelques mois avant la rentrée scolaire car cette ville a été complètement dévastée par le tsunami et la chute de son phare. La ville est maintenant déserte, tous ses habitants ont migré ailleurs, certains même dans d'autres régions. Si ses parents ont décidé de venir à Mauville, c'est parce que ses grands-parents y résident, et qu'ils avaient besoin d'aide pour reconstruire une partie de leur maison, qui s'est effondrée lors du tremblement de terre qui a touché la ville en même temps que le tsunami d'Oliville. Mauville a certes subit quelques dégâts, mais ils sont moindres comparés à ceux de cette dernière, qui n'a actuellement pas pour projet d'être reconstruite, tandis que Mauville a engagé une procédure de reconstruction des lieux endommagés. C'est pour cette raison qu'elle ne connaissait personne à la rentrée. Aucun de ses anciens amis n'a emménagé près d'ici. D'ailleurs, c'est un sujet délicat que de lui parler de ses amis.

Ayant grandie à Oliville, Lisandre a toujours connu les mêmes amis et n'a jamais souhaité sans faire de nouveaux. Ils étaient une bande de quatre amis très liés, jouant de la musique à leurs heures perdues. Le groupe était composé équitablement de deux filles et de deux garçons : Lisandre -bien entendu- , Arc'hantaël, Théotimes et Venceslas. Ils ont tous des noms très peu communs au passage... Bref, ils allaient à l'école ensemble depuis la maternelle, ils se connaissaient par cœur. Quand les catastrophes sont survenues et ont ravagé la région, le phare de leur ville s'est effondré. Une partie du phare est tombée de sur une moitié de maison, emportant avec elle la vie de deux de ses hôtes, un vieille homme et son petit-fils, Venceslas. Lisandre et les autres ont été particulièrement affectés par la disparition de leur ami. Le tsunami a lui aussi provoqué la mort de nombreuses personnes. Institutrices, commerçants, employés de bureau... La ville a perdu bon nombre de citoyens. Chaque jour, les rescapés priaient sur les tombes des victimes comme s'ils espéraient un miracle. Mais la ville ne s'est jamais remise des catastrophes et tous les habitants sont partis. Arc'hantaël, une jeune fille que Lisandre adorait, est partie dans une petite ville d'Unys. Ses parents avaient les moyens de se payer le long trajet et une maison là-bas, là où les catastrophes naturelles n'ont pas eu lieu. Théotimes, le seul garçon restant du groupe et le meilleur ami de Lisandre, a lui aussi quitté la région pour rejoindre sa tante et son oncle à Sinnoh. Seule Lisandre est restée dans la région, séparée des amis qu'elle a connu depuis son plus jeune âge. Elle s'est donc renfermée sur elle-même, refusant toute compagnie.

Elle s'est mise à pleurer et tous les passants m'ont regardé comme si c'était de ma faute. Je l'ai accompagné chez elle, nous n'avons rien dit de plus. Les catastrophes l'ont gravement affecté. Cela peut se comprendre.

Le 19 février 2011 ; 21H14

Cher journal,
Lisandre vient de m'annoncer qu'elle souhaité quitté la ville et partir de son côté à la conquête des badges de la région. Je lui ai demandé avec quel Pokémon elle comptait partir et elle m'a répondu simplement qu'elle en trouverait bien un pour son voyage. Elle souhaite retourner là-bas, à Oliville, pour se recueillir et se remémorer une dernière fois les bons souvenirs qu'elle a vécu, avant de tourner définitivement la page. Je pense qu'elle va se faire plus de mal que de bien en y allant, mais c'est son choix, je ne peux pas le contester. Bien sûr, le voyage n'est pas prévu pour tout de suite, je vais encore pouvoir essayer de la convaincre de rester parmi nous...

Le 30 mars 2011 ; 15H20

Cher journal,
Je baisse les bras. Elle veut vraiment partir, elle l'a toujours désiré. Elle se sent plus proche des Pokémon que des humains. Elle se sent mieux avec eux, ils la comprennent, soit-disant. Personnellement, je ne comprends pas comment on puisse aimer ainsi des Pokémon. Ils nous ont abandonné pendant un bon moment et encore aujourd'hui, ils ne se montrent plus si facilement. Mais le fait qu'ils réapparaissent progressivement rend Lisandre heureuse. Après tout, c'est son choix...

Le 3 juillet 2012 ; 11H20

Cher journal,
Le temps a passé, de l'eau a coulé sous les ponts. Voilà deux ans que le pays a été ravagé, les villes achèvent pour certaines leur reconstruction. Le départ de Lisandre est imminent. Elle a trouvé quelqu'un qui puisse lui donner un Pokémon qui sera bien à elle pour son périple. Il habite Bourg-Geon. Son père l'emmènera là-bas le mois prochain. Elle va me manquer, je lui manquerais aussi d'après elle, mais elle m'écrira régulièrement...

Éole est un petit Zébibron plein d'énergie. Toujours d'humeur joviale, il est plutôt obéissant mais un peu foufou, ce qui peut devenir très fatiguant à la longue... Il est extrêmement curieux, il veut découvrir le monde et grandir pour devenir un beau Zéblitz comme il a toujours voulu être. Ce Pokémon aime tout le monde, sa sociabilité accrue pourrait cependant lui jouer des tours à l'avenir. Il ne recule devant rien et est prêt à affronter n'importe quel Pokémon. Il a par conséquent tendance à s'attirer des ennuis et à se mettre en danger. Il fonce toujours tête baissé et c'est pourquoi il a besoin d'un dresseur un tant soit peu réfléchi pour parvenir à la victoire. Il est très taquin. Il s'attache facilement aux humains qui s'occupent bien de lui, ce n'est pas un Pokémon très difficile à vivre de ce côté là. Son surnom lui vient du grand régisseur des vents, car il adore courir « aussi vite que le vent ». On pourrait aussi justifier son nom en disant qu'il a la fâcheuse manie de partir « en coup de vent » tel un petit voleur lorsqu'il sait qu'il a fait une bêtise.