♦ La Rencontre {Pv}

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Chapitre 1. La Rencontre.

♦ Heure: 14h34.
♦ Temps: Pluvieux.
♦ Lieu: Dans un café de la ville d'Azuria.

La pluie battait à tout rompre. La chambre du garçon commençait à manquer de luminosité tant le ciel s’obscurcissait. Mussel, allongeait de tout son long sur le tapis, bailla bruyamment sortant Red de sa rêverie. Un œil s'ouvrit dans l'ombre. Il se réveillait tout juste, en plein début d'après-midi. Bientôt, il partirait. Loin d'ici. Loin de tout. Le jeune homme posa un pied par terre, puis se leva avec difficulté.

Son sac était prêt, l'attendant patiemment dans un coin de la chambre. C'était aujourd'hui ou jamais. Son regard se porta vers la fenêtre. Ou peut être demain. La clémence du temps ne semblait guère être avec lui en ce jour. Red caressa la tête de Mussel, ce dernier s'ébroua et grogna vivement après son dresseur. Le garçon n'avait reçu son pokémon que la veille et leur première approche ne s'était montrée par ailleurs peu fructueuse en adoration..

Se lavant puis s'habillant maladroitement, le jeune homme se préparait à descendre au café avant de partir pour de bon sur les routes. Il n'éprouvait pas le désir de conquérir le titre de Maître Pokémon. Son but était bien plus artistique. Red avait un goût fin et raffiné pour le dessin et le pratiquer très habilement. A l'heure actuelle, il n'avait fait que l'esquisse de Mussel. Chose ardue et peu aisée, par les nombreuses pirouettes qu'avait consciencieusement décidé d'interprété le jeune pokémon, pour le seul plaisir de compliquer la tâche à son dresseur. Red avait cependant fini par achever son portrait et avait pu reporter ainsi ses observations concernant son feu follet de compagnon. Un pokédex façon Red. Délire artistique.

Enfin prêt, le jeune homme plaça soigneusement sa casquette sur sa tête, pris son sac et enjoignit au fripon de le rejoindre. Mussel s'exécuta et Red lança un dernier regard sur sa chambre. Une porte se ferme. Un monde de souvenir s'évade. Un être change d'univers. L'inconnu l'appelle. Il ne reviendra pas sur ses pas. Aujourd'hui commence une aventure bien différente de toutes les autres qu'il a pu avoir.

« Allons-y petit fripon. »

Quand il poussa la porte du dehors, la pluie s'abattit sur lui d'un coup. Il faisait chaud pourtant, mais l'eau le fit frissonner. Mussel s'accrocha à la jambe du garçon, effrayé à l'idée de marcher dans l'eau. Deux opposés qui ne se rencontrent jamais. Red prit le chemin du café le plus proche.

Les rues étaient désertes, les gens s'abritaient du mieux qu'ils le pouvaient dans tous les endroits imaginables. Déluge. Les précipitations s'accélérèrent. Le garçon força le pas. Il se mit à courir, à vive allure pour rejoindre l'endroit de son choix. Le café se dessina enfin non loin de là. Poussant la porte puissamment, Red entra dans le lieu.

Une douce chaleur le submergea aussitôt. Contraste agréable. Il se rendit au comptoir où un homme de bonne corpulence lui fit un signe distinct.

« Un café s'il vous plaît. »

L'homme hocha la tête d'un air entendu. Red se rendit sur une banquette ou Mussel consentit enfin à lâcher sa jambe. Le garçon soupira d'aise et ouvrit son sac. Il en sortit un bloc de grande taille dont les nombreuses pages étaient couvertes de dessin. Prenant une feuille vierge, il commença à dessiner. S'évadant dans un autre monde. Goûtant le plaisir d'être au chaud. Instant agréable et doucereux. Il partirait sous la pluie. Mais il partirait aujourd'hui. Certitude. Détermination.

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Chapitre 1 : La Rencontre

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Une fois le facteur parti elle ne savait plus quoi faire, elle avait ouvert le colis avant même d’avoir signé le registre de l’homme en bleu. En face d’elle dans un petit carton froissé, plusieurs pokéballs et une lettre. Le ciel commençait à se charger en mauvais nuages elle se mit à l’intérieur et la brise s’engouffra dans son petit repère, faisant claquer la porte de l’appartement. Sur la table basse de la pièce principale elle déposa le tout. Elle décacheta la seconde lettre :

« Tu trouveras ici quatre pokébals, dans l’une d’elle se trouve ta nouvelle amie. Elle s’appelle Nina et semble très joueuse. Je l’ai trouvé à Hoenn, elle me paraissait être la plus apte à t’accompagner dans ton futur voyage si c’est toujours ce que tu souhaites. Appelle moi dès que ce colis est entre tes mains. »

Elle saisit la première balle rouge et blanche, vide. La seconde, une fois actionnée quant à elle, libéra dans un éclair blanc une petite forme. C’était un félin, de petite taille, aux couleurs joyeuses et agréables, le plus joli de tous les pokémons aux yeux de la grande Amanda. Un skitty, elle en avait déjà vu plusieurs auparavant dans des concours pokémon. Cette Nina regarda fixement la toute nouvelle dresseuse et s’exclama d’un petit miaulement si doux à l’oreille à la vue de son nouvel environnement. Puis le chaton se mit à courir après sa propre queue. La joie de la jeune femme était inconcevable, elle ne pouvait retenir ses sourires qui lui crispaient totalement le visage et lui donnaient un air niais. Comment son père avait pu ? C’était une divine providence, ce cadeau, ce jour, tout était si parfait. Elle s’approcha de la petite tête rose pour lui caresser le haut du crâne, l’animal sembla docile et se laissa câliner sans rechigner.

« Nina, je m’appelle Amanda, je vais bien m’occuper de toi d’accord ? »

La créature ne semblait pas s’en inquiéter. Elle s’empressa de lui trouver un bol de lait bien frais et de lui déposer sur le tapis de l’entrée. Nina était aux anges, une fois la dernière lampée de lait avalée, c’est sur les genoux de la jeune femme que le pokémon s’endormit. Elle passa ses doigts une multitude fois dans ses poils courts avant de la déposer juste à côté sur le grand sofa beige délabré pour pouvoir se lever. Elle empoigna le téléphone et composa le numéro de son paternel. La conversation était joyeuse, entre remerciements et encouragements.

« J’ai déjà prévenu ton patron, je lui ai dit que tu passerais lui dire au revoir dès que tu recevrais le colis. Je savais que tu n’allais pas refuser et que c’est ce dont tu désirais. »

Il avait vu juste, il savait que la fille Gardner aspirait à une vie autre que pavée de quotidien et de routine morne. Elle était un peu comme son père, qui lui voyageait, qui voyageait encore bien qu’il avait arrêter ses expéditions. Il était passé voir un de ses amis à Hoenn qui avait rencontré une multitude de créatures et qui avait foulé le sol de chaque région de ce monde. L’ancienne serveuse ne passa pas sa cravatte autour du cou aujourd’hui, gardant sa chemise sur le dos et son tailleur sur les jambes elle retourna vers son nouveau compagnon d’aventure. Où allait-elle aller ? Collectionner les badges était bien trop difficile pour elle, elle n’avait aucune véritable connaissance des combats et ne savait pas comment débuter. Elle devrait s’y faire, elle allait s’y faire, elle n’avait pas le choix.

Le réveil de Nina marqua à nouveau le début d’un autre moment de jeu. Elle était telle une enfant courant partout dans sa petite demeure, riant bruyamment et ne cachant plus son bonheur. Le départ ne serait pas un déchirement, elle n’était pas là depuis longtemps et tout ce qu’elle connaissait de la région était le café et son lit. Elle n’avait pas d’amis, elle n’avait pas de famille et rien ne l’enchaînait à sa localisation. C’était effrayant pour elle, cette liberté. Les treize heures sonnaient, elle n’avait d’autre choix que de préparer ses affaires et de remettre Nina dans sa balle. Une fois cela fait elle se chargea d’un sac à dos et mis à l’intérieur ses affaires les plus précieuses. Un paquet de lettres, un portefeuilles, elle récupéra deux potions pour pokémons qu’elle avait récupéré de son ancienne maison, et rassembla les quelques économies qu’elle avait caché dans sa table de chevet. L’heure tournait et elle devait prévenir son futur ancien patron de son départ. Elle glissa à l’intérieur du sac quelques vêtements, de quoi tenir une bonne semaine sans rien manquer, une grosse veste d’hiver et un parapluie. Une fois les accessoires de beauté mis dans une poche spécifique elle était fin prête.

L’appartement nettoyé, les draps changés, elle ferma la porte une dernière fois, comme un ultime adieu à son ancienne vie. La pluie commençait à menacer Azuria. Elle n’eut pas le temps de sortir le parapluie si bien rangé au fond du sac qu’elle était déjà arrivée, ruisselante, les cheveux trempés au café. Fred, le tenancier, un peu enrobé et portant une moustache fournie et noire la regarda avec le sourire. Il savait pourquoi elle était ici, pourquoi elle portait un sac énorme et que sa ceinture était ornée d’une ostentatoire pokéball.

« Amanda, ton père m’a parlé, viens avec moi ! »

Sa voix était chaleureuse, visiblement le nombre de clients qui s’étaient rassemblés dans le café à cause de la pluie lui donnait bonne mine. Ils allèrent tous deux dans l’arrière boutique, elle salua son partenaire de salle et le cuisinier qui rangeait déjà ses couteaux. Il devait être quatorze heures déjà et la jeune fille avait le cœur qui battait la chamade.

« Je suis venu pour vous, enfin te… »

C’est la seule chose que la jolie femme réussit à balbutier, mais le gros moustachu prit les devants, ils expliqua à Amanda que la seule chose qu’elle avait à faire c’était lui rendre ses clefs d’appartement une fois que tout serai vidé e ses effets personnels et qu’elle devrait au moins devenir maitre pokémon pour le remercier. Sur le ton de l’humour il prit la porte pour accueillir de nouveaux clients, laissant Amanda seule, décontenancée, elle l’avait fait, elle était libre. Il revint une vingtaine de secondes plus tard avec quelques billets :

« Voilà ton avance, si tu as besoin, à ton retour j’aurai une place pour toi. »

Elle était touchée du geste mais pour rien au monde elle ne travaillerait à nouveau ici. Il lui manquait ce brin de folie qui fait que la vie est pavée de surprises, joies et de peines.

« En tout cas pour le moment j’ai besoin d’un bon chocolat chaud, tu me l’offres ? »

Avec un grand sourire la jeune fille aux cheveux roux embrassa la joue rêche du barman, son regard dur était devenu tendre et il regretterait bientôt celle qu’il considérait comme une seconde fille. Il lui dit de s’assoir en salle et qu’il lui apporterai cela avec ses chocolats préférés. Une fois assise sur la banquette confortable, Amanda prit enfin le temps de regarder autour d’elle. Un couple se souriait stupidement en se glissant des mots à l’eau de rose, une vieille femme, habituée, lisait son journal en regrettant à haute voix son époque, et enfin juste à ses côtés un jeune garçon, casquette vissée sur la tête se mettait à griffonner sur une grande feuille de papier. Ses mains étaient délicates et raffinées, ses coups de crayons étaient surs et précis. Juste aux côtés de ce dessinateur mystérieux se trouvait un pokémon, comme un lézard à la queue enflammée, il faisait penser à un tout petit Dracaufeu, mais la jeune femme ignorait quel était cette créature. Une fois deux gorgées de son chocolat avalées et sa douceur aux noisettes dans son ventre elle prit son courage à deux mains et se lança :

« Excusez-moi jeune homme, ne trouvez vous pas ça dangereux la flamme au bout de sa queue ? Ne risque t’il pas de brûler votre beau dessin ? »

Elle avait dit beau pour être polie et paraître agréable, elle ne voyait pas ce qu’il se marquait sur la feuille, mais en regardant l’attitude du jeune homme elle savait qu’il ne pouvait que bien dessiner.

« Vous aussi vous êtes dresseur ? Je m’appelle Amanda et je vais me lancer dans l’aventure moi aussi. »

D’un coup, les yeux flamboyants du garçon placé à sa gauche croisèrent les siens. Elle fût stupéfaite par son regard, braises, colère, puissance. Il faisait si jeune mais il avait ce quelque chose dans le regard qui le rendait si mature. Comme s’il avait vu ce qu’il ne devait pas voir. Après tout, avec la catastrophe tout le monde avait vu des choses et personne n’avait été épargné surtout ici, à Kanto.

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L'Harmonie ne dure qu'un Temps.

♦ Heure: 14h40.
♦ Temps: Pluvieux tendant vers l'orage.
♦ Lieu: Dans un café de la ville d'Azuria.

Les traits s'accentuèrent. Se précisèrent. Prenant vie à travers chacun des coups de crayons mesurés et assurés du garçon. Il dessina quelques ombres, arrondi un trait, combla un vide. Mussel, intrigué, passa sa tête au dessus du bras de Red. Les grands yeux innocents du pokémon passèrent sur l’œuvre, sans prétention, de son maître. Le feu follet sembla hypnotiser par les mouvements du dresseur. Sourire. La chaleur avait apaisé les frissonnements de Red après quelques minutes. Le barman avait déposé son café devant lui, en prenant soin de ne pas renverser la moindre goutte sur la table. Après un vague 'merci', l'homme s'en était allé, vacant à des clients certainement plus aimables que le garçon.

Red observa son dessin un instant. Un silhouette féminine se dessinait avec harmonie sur une plage. La mer était d'huile, mais l'écume abondante, comme après une tempête. Le soleil masquait la personne, en contre-jour, qui semblait regarder le garçon. Le dessin semblait vivant.. Souvenir enfoui. Une main inachevée sortait du cadre, ne laissant pas distinguer les phalanges de la mystérieuse inconnue. Mussel leva la tête vers son dresseur. Compassion ? Le garçon rédigea un titre attifement: 'La Mèr (Tume).' La faute était voulue. Red fronça les sourcils. Luttant contre ses souvenirs. Douleur.

Une nouvelle personne s'était assise dans la salle, non loin de lui. La fille était jolie. Son visage était harmonieux, encadré de longs cheveux roux. Les grands yeux de l'inconnue rencontrèrent les siens. Échange fugace. Il détourna son regard, elle ne l'avait pas remarqué. Pas encore. Mais sa voix douce troubla la bulle silencieuse dans laquelle le jeune homme s'était enfermé depuis son arrivée dans le café. Quand elle se tut, il passa son regard sur Mussel qui s'était tourné vers l'étrangère. Red observa son flamboyant compagnon, mais étrangement, le feu de sa queue ne semblait pas en mesure d'atteindre le dresseur.

« Il n'y a rien de beau dans ce dessin. Rien qui vaille la peine d'être vu. Ce pokémon est trop intrigué par ce qu'il découvre, pour vouloir mettre le feu à quoique se soit. Selon moi, tout du moins. »

Red posa son fusain. Cette fille semblait vouloir parler avec lui. Elle reprit la parole. Voix douce et agréable. Proche du suave et de l'attrayant. Elle semblait proche de lui. Sûrement plus âgée, mais leurs désirs convergeaient. Cette envie de découverte, de liberté. Tout cela était palpable. Leurs regards se trouvèrent. Réellement. Les iris rouges du jeune homme sondèrent la dresseuse. Froid. Colère. Les sentiments provoquaient par son propre dessin parvenaient par son propre regard. Il détourna ses yeux. Regrets. Il faisait bien souvent mauvaise impression.

« Oui. Je suis aussi dresseur. Ou plutôt, je m'apprête à le devenir. Je n'ai, pour le moment, pas la moindre expérience du dressage, ni des combats. Je suis un novice parmi tant d'autres. »

Il replongea dans son dessin l'espace d'un instant. Son visage était masqué à la jeune fille par son couvre-chef. Red caressa le papier avec douceur. Puis, d'un geste vif, il déchira la feuille avec précision. Chiffonnant son souvenir. Flou. Tristesse dissimulée. Il se tourna vers la jeune demoiselle. Retirant sa casquette, il dévoila son visage juvénile, bien que marqué par les épreuves. Il n'était guère repoussant, mais ses yeux exprimaient trop de haine, trop de vécu pour qu'il puisse être considéré comme une gravure de mode. Le garçon reprit la parole avant que la fille ne puisse parler de nouveau.

« Red. Ne me pose pas de questions sur moi, sur mon passé, sur qui je suis. Je ne te répondrais pas. Je ne veux pas savoir qui tu es non plus. Ça ne m'intéresse pas et je ne ferais pas mine de m'intéresser à tout ce que tu pourras bien vouloir me raconter, pour ton bon plaisir. Cependant.. Enchanté . »

Pas l'ombre d'un sourire. Pas de mensonges. Red demeurerait une page blanche pour l'inconnue. Comme pour tous les autres d'ailleurs. Un étranger parmi les autres. Il n'était personne. Il tendit sa main à la jeune femme lorsqu'il eut fini sa phrase. Respect. Mussel n'avait pas bronché pour une fois. Lui qui ne tenait jamais en place, semblait plus absorbé par le fait de découvrir son dresseur, que celui de lui causer du tors. Silence poli.

Invité

Il y avait meilleur accueil. Il y avait plus chaleureux. Il n’y avait rien d’aussi tentant que l’inaccessible. Elle aurait voulu lui parler des heures, l’écouter, tout savoir de sa vie, le connaître, celui qui avait posé les limites d’entrée de jeu avait réveillé en elle une envie dévorante de le découvrir. Le diable prend de nombreuses formes mais est toujours agréable à l’œil, c’était le cas cette fois-ci. La flamme dans ses yeux, ses gestes, la frontière qu’il avait instauré entre son espace vital et le reste du monde, il était quelqu’un de mystérieux. Le frisson, les tremblements, cette douceur qui parcourait le corps de la jeune rouquine, tout était si rapide, elle n’esquissait plus le même sourire et n’eut d’autre choix que de déglutir bruyamment. Elle était gênée, comme si elle était en face du plus grand maître pokémon de tous les temps. Elle se ressaisit, réfléchit un minimum, il paraissait jeune, il venait de débuter également, il n’y avait rien à craindre, il ne semblait pas comme tous ces gamins qui venaient d’acquérir un compagnon de bataille, il était différent. Elle organisa ses idées avant de prendre une nouvelle fois la parole, une gorgée de chocolat, elle reposa la tasse et se tourna sur sa gauche :

« Très bien, j’espère que tu iras loin et qu’on se recroisera plus tard dans ce cas ! »

Se recroiser ? Savait-elle où elle voulait aller ? Par où passer ? Comment et pour quoi faire ? Non elle n’en savait rien, elle n’était pas là pour faire une halte, elle était là pour marquer son départ, elle n’avait plus qu’à reprendre sa foulée et partir en direction de la nouveauté. Carmin-sur-mer serait l’idéal, elle pourrait voir son père, elle pourrait l’embrasser une dernière fois, lui demander conseil et réconfort. Elle était seule, si seule. Différente elle aussi, trop âgée pour faire son voyage initiatique maintenant, trop jeune pour ne rien faire et ne plus avoir de rêves. Elle finit sa boisson rapidement, s’ébouillantant presque la langue, nettoya du dos de son auriculaire le sucre qu’elle avait laisser tomber sur la table, se leva et prit son sac.

« Je te souhaite bien du courage pour ta quête Red… »

Et comme un voleur elle prit la porte rapidement sans demander son compte, daignant à peine lever le bras en signe d’au revoir à ses anciens collègues. Elle avait oublié la pluie, elle était tellement gênée par cette rencontre, comme déboussolée. Elle ne savait plus quoi faire, elle ne voulait pas faire attraper froid à Nina donc elle la laissa à l’intérieur de la balle rouge et blanche. Le vent s’était calmé quant à lui, l’eau ruisselait sur son visage et ses cheveux s’étaient transformés en éponge. Il n’y avait plus qu’à se diriger vers la ville où résidait son père. Elle savait que les routes étaient numérotés et qu’elle devait se diriger vers le sud, mais son sens de l’orientation et la visibilité moindre due à la pluie l’empêchaient de se diriger sans questions vers sa destination.

Elle se souvenait de son voyage inverse, quand elle était arrivée à Azuria, accompagnée par son paternel. Il avait pris sa journée pour lui présenter son nouvel employeur et son nouveau chez-elle. Pourtant sociable, la jeune fille était très réservée aux premiers contacts. Cette sensation, elle la détestait. Elle se détestait dans ses moments, elle n’avait aucun manque d’assurance pourtant, même par le passé, mais là, livrée à elle-même, elle n’avait plus foi en rien. Le panneau en face indiquait le chemin, route 5. Très bien, il fallait traverser la ville en entier. Les parapluies au dessus des quelques courageux qui déambulaient dans la rue avaient su lui rappeler qu’elle en possédait un. Elle fouilla au fond de son sac, en plein milieu d’une rue qu’elle ne reconnaissait en rien. Elle mit sa tête au dessus de son paquetage pour ne pas en mouiller le contenu, et arriva tant bien que mal à en sortir son abri sans mettre une pagaille dans toute ses affaires. Il était aux alentours des trois heures de l’après midi, elle n’en savait rien, elle n’avait pas de montre, c’était stupide, cela aurait dû être son premier achat pour son voyage. Quoi qu’il en soit elle se demandait où elle pourrait passer la nuit, pas dehors en tout cas, pas dans ces conditions climatiques. Les saisons étaient bouleversées depuis la catastrophe, elle repensa à sa mère un instant. Des pensées néfastes sur la centaine de mètres qui la séparait de l’extérieur de la ville. Elle appela Nina à ses côtés et fit en sorte qu’elle soit le plus couverte par le parapluie. Elle lui demanda si elle était prête à se lancer, le petit félin se glissa sur son épaule, et ronronna tranquillement. Les pattes de la petite Skitty tâchèrent les vêtements de la jeune fille mais elle n’en avait que faire, elle était trempée, du moment que Nina restait calme et souriante, c’était l’essentiel. Elle passa sa main libre dans ses cheveux pour les égoutter un minimum et sècha rapidement sa main contre son tailleur. Sa tenue n’était pas adaptée, elle avait été tellement prise par les évènements qu’elle n’était plus en mesure d’avoir la tête sur les épaules. La jeune fille parlait à son pokémon alors qu’elle passait sa main dans son pelage en se tordant dans tous les sens pour ne pas contrarier le petit animal. Sa position était des plus spéciales, tenant le parapluie d’une main, dorlotant Nina de l’autre. Une voix résonna derrière elle, c’était Red. Elle était trempée et avait l’air d’une sotte, pourquoi était-il lui aussi ici ? Prenait-il le même chemin ? Elle fit volte face pour vérifier si c’était bien lui. Son ouïe ne lui avait pas fait défaut.

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A la poursuite d'un Avenir..

♦ Heure: 14h40 - 14h55.
♦ Temps: Pluie orageuse.
♦ Lieu: Café, puis dans les rues d'Azuria.

Il avait sorti une nouvelle feuille. Son regard se détourna de la jeune femme tandis qu'il reprenait son fusain en main. Red commença à dessiner. Inspiration. Les formes venaient d'elles même à son esprit comme une évidence. Le café prenait vie à travers ses coups de crayon. La jeune demoiselle s'adaptait parfaitement dans le décor qu'il entreprenait peu à peu. Douceur humaine. Mussel gigota légèrement, l'ennui commençant à le gagner tandis que son maître poursuivait son œuvre. Lassitude. La dresseuse avait bu une gorgée, puis doucement s'était adressée à lui de sa voix calme. Red marqua une pause, cessant son ébauche artistique l'espace de quelques secondes. Il ne répondit pas tout de suite. Préférant affiner sa création et ne pas laisser son idée s'échappait alors qu'il la tenait bien fermement.

Le petit feu follet à ses côtés se dessina peu à peu sur un tabouret, Red s'amusa à le vêtir comme un homme de bonne famille, rendant la situation absurde et en total décalage avec le présent. Abstrait. Il accentua l'expression de la jeune femme, définissant sa beauté délicate et jouant avec les ombres que projetaient la lumière sur elle. Le garçon dessinait avec rapidité et précision. Le décor était parfait, mais sans doute trop mélancolique. Terne. Il n'avait mis que très peu de temps à achever son œuvre, son don naturel lui permettait d'établir des croquis avec une parfaite cadence. Observant son travail, il soupira. Déception. Délicatement il détacha le papier du bloc et le fit glisser furtivement sur la table en direction de la demoiselle. Elle ne sembla pas le remarquer. Enfin, il se tourna vers elle, daignant lui répondre.

« Nous nous recroiserons. Sans aucun doute ma demoiselle. Mais personne ne sait quand ce 'plus tard' existera, je le crains. »

Se recroiser. Heureux coup du destin. Le hasard n'était bien souvent pas au rendez-vous avec le jeune dresseur. Malheur. Il plongea son regard dans celui de la fille, sondant ses pensées. Inaccessible. Par où partirait-elle ? Suivraient-ils le même chemin ? Peu importer. Il n'avait qu'un but à vrai dire.. Il avait repéré sa route sur une carte de la ville depuis quelques jours déjà. La route du sud lui irait parfaitement. Elle le mènerait vers Carmin-Sur-Mer où il prendrait le ferry pour se rendre à Johto. Changement. Red ne supportait plus Kanto depuis les ouragans. Depuis tous les événements qui avaient détruis sa vie d'ailleurs. Il devait fuir tout cela. Vivre. Enfin. Être libre, pour de bon. La demoiselle s'était empressée de finir sa consommation et d'un ton froid lui avait souhaité bonne chance. S'enfuyant par la porte principale, vers son avenir, vers la tempête qui battait son plein dehors. Surprise.

« A toi au... »

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase. La chevelure rousse de la fille disparut de son champ de vision. Elle n'était plus là. Soupire. Le garçon sortit de sa poche le mot qu'il avait retrouvé à son réveil, deux ans auparavant. Un mot familier. Pour une personne familière. Son but. Sa quête. Tout cela tenait sur un mince bout de papier. Red tourna son regard vers le dessin du café qu'il avait réalisé. Elle ne l'avait pas pris. Déposant de quoi payer sa consommation, Red se leva, Mussel emboîtant avec soulagement et engouement le pas de son dresseur, bien content de quitter sa bulle d'ennuis. Il ne reprit pas son élan artistique et prit le chemin de la porte.

Dehors, la pluie s'était accentuée. Tempête. Tombant en rafale sur le monde autour de lui. Mussel jeta un regard suppliant à son maître, qui, comprenant ce qu'il désirait, le fit rentrer dans son abri sphérique. Jalousie. Red s’apprêtait à braver seul la tempête tandis que le feu follet se lovait bien tranquillement dans sa pokéball. N'ayant pas pris soin de prendre d'autres vêtements que sa fine veste à manches courtes, Red déglutit avec difficulté. Le voyage s'annonçait torride. Il prendrait soin d'acheter une veste plus convenable dans la prochaine ville qu'il rencontrerait. Azuria ne contenant que des vêtements pour l'eau. Soupirant, le garçon s'avança sous la pluie battante. Sa casquette faisant ruisseler l'eau sur lui dans des fils aquatiques glacés. Frissons. Il chercha le panonceau indiquant la direction de la route 5, et partit dans cette direction. Il pressa le pas. Prenant soin de se réfugier sous les tonnelles qui jonchaient les rues chaque fois qu'il en avait l'occasion.

La sortie de la ville se profila. Moins de maisons, plus de verdures. La route pavée laissa place à la terre, bien liquide à ce moment précis.. Soupire. Red poursuivit son chemin, voyant de loin le panneau de sortie de la ville d'Azuria. Une silhouette se dessina au loin. Déjà vu. Il reconnut bien vite la jeune fille du café qui l'avait abordé quelques minutes auparavant. Ne ralentissant pas sa course, il plaça ses mains en porte-voix tentant de l'interpeller tant bien que mal. Se tournant vers lui, il put observer son jolie visage au moment où il parvenait à sa hauteur. Rencontre. Reprenant sa respiration, après sa longue course, il se reprit et rencontra à nouveau le regard de la demoiselle.

« Tout à l'heure.. J'ai.. J'ai oublié de te demander ton nom. Il semblerait que nous allons dans la même direction. J'ai certainement été inconvenant tout à l'heure, mais c'est dans ma nature et je ne m'en excuserais pas. Cependant, vu le temps, un peu de compagnie ne me dérangerait pas je dois te l'avouer. »

Red fit quelques pas. Passant le panneau et entrant ainsi sur la route de son avenir. Il fit signe à la jeune fille de lui emboîter le pas. Il ne serait sûrement pas un agréable compagnon ou tout du moins exemplaire, mais il ferait quelques efforts pour que le voyage se passe sans encombres. La pluie sembla perdre en vivacité. Red se tourna vers le long chemin qui se profilait devant lui. Il quittait enfin Azuria. Aujourd'hui, ce n'était pas un voyage qu'il commençait. C'était un avenir. Son avenir. Et il ne serait pas seul. Pas maintenant. Aujourd'hui, tout était différent. Radieux.

→ Suite Route 5.

dieu (des losers) - modérateur

Red : 34 + 64 + 47 = 145 points

Amanda : 87 + 54 = 141 points

» ♦ Toutes les bonnes choses ont un commencement ♦
» ♦ Mackenzie Soo Yeon ♦
» ♦ Red.

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