De nombreuses fois, je m'étais dit que le monde extérieur devait être beau, même avec les catastrophes. De nombreuses fois, je m'étais aussi dit que je prendrais plaisir à contempler les paysages. Mais je n'avais jamais songé à quel point j'aurais senti le désespoir. Ruines Griotte, tel qu'on l'appelait aujourd'hui, était bel et bien en ruines. Le garçon qui m'avait laissé, avait affirmé qu'il passait souvent par ici. Moi, je songeais que ça devait être dur, pour quelqu'un qui l'avait connu. Le sentier était à moitié effacé, les maisons détruites, il n'en restait que des débris, qui se faisait emporter par la mer, tout était dévasté, tout était détruit. Je m'approchais de la mer, suivi par Chlore, qui restait très silencieuse. Le bruit des vagues était apaisant. Il ne ramènerais pas la ville dans ce mouvement lent et régulier, mais il était comme une sérénade qui réconfortait la ville, pleurant sa mort. Les rochers, mouillés, sans cesse éclaboussés par les vagues, allaient finir, eux aussi, par disparaître, avec la corrosion. Les embruns de la mer faisait beaucoup de bien, au milieu de ce chaos. Je me retournais, et aperçu la route 30. Chlore était un peu fatiguée, aussi, je la rappelais dans sa pokéball. Inutile de gaspiller des forces. J'allais m'avancer sur le chemin, lorsque je vis, au milieu d'une maison dévastée, une petite fleur. Ça ne devait pas faire longtemps qu'elle était là. Mais malgré les décombres, la tristesse, les catastrophes, il y avait cette petite fleur qui poussait, sur ce qui n'était plus. Un jour, ce village ne serait plus qu'un souvenir, caché par les plantes. J'eus un sourire. Après tout, rien n'était éternel. Le paysage évoluait sans cesse. Je souhaitais bien du courage à la marguerite qui tentait de s'épanouir. Ça n'était rien, pourtant, j'avais l'impression qu'elle montrait l'exemple à suivre. Il fallait toujours se relever. Je frissonnais. La mer avait apporté, avec son bruit calme et ses odeurs salées, un vent froid qui ne plaisait guère. Je jetais un dernier regard à la ville morte, et m'avançais sur la route suivante. Ce garçon, il devait avoir bien du courage pour fixer sans ciller le paysage terne. Mais je comprenais. Il ne fallait pas renier la vérité. A quoi bon s'accabler ? Cette ville n'était plus, voilà tout. C'était un élément du décor. C'était un souvenir. Il ne fallait pas l'oublier, mais il ne fallait pas non plus lui accorder trop d'importance. Ça nous aurait détruit aussi, sinon. Je chassais ces sombres penser, et cette fois-ci, je laissais Ruines Griotte derrière moi.